Le BIO est-il vraiment meilleur pour la santé ?
La consommation bio a le vent en poupe en France. Selon l'Agence Bio (1), les chiffres réalisés dans ce secteur ont doublé en 5 ans et placent l'Hexagone parmi les premiers producteurs sur le marché européen. On doit cette croissance à la grande communication réalisée autour de ce mode d'alimentation et qui la présente comme le meilleur choix pour être en bonne santé. Cette idée est-elle réellement fondée ou s'agit-il d'une simple croyance vulgarisée sans des éléments concrets pour appuyer cela ?
Lumière sur la notion du bio alimentaire
Le terme bio est utilisé pour désigner un produit ou une denrée qui provient de l'agriculture biologique. Ce mode de production est naturel et ne se sert pas des produits chimiques de synthèse, des OGM, des intrants artificiels… Il n'est pas à confondre avec une alimentation diététique ou allégée. En effet, de nombreux produits transformés à partir d'ingrédients bios contiennent excessivement de sucre ou d'huile. Ils augmentent ainsi le risque de diabète ou d'obésité au même titre que les autres variantes ne possédant pas le label AB (Agriculture Biologique). De plus, la traçabilité des aliments n'est pas une pratique réservée à la production bio. Le cheminement de toute denrée alimentaire, qu'elle soit bio ou non, doit être traçable pour assurer la sécurité de tous les consommateurs.
Les aliments bios ont-ils une meilleure valeur nutritionnelle ?
Plusieurs études ont été réalisées pour comparer la valeur nutritive des aliments bios et ceux issus de l'agriculture conventionnelle. Le constat est qu'il n'existe aucune différence manifeste entre les teneurs en vitamine et en minéraux des deux types de produits. On remarque juste que certains fruits et légumes biologiques ont un peu plus d'antioxydants (vitamine C, phosphore, phénols…), de magnésium et de fer que les autres. Cette augmentation est néanmoins tellement faible qu'elle est négligeable pour les apports nutritionnels. Ces résultats ont été obtenus après deux méta-analyses réalisées en 2012 et en 2014 (2). La première portait sur 240 études et la deuxième rassemblait 343 études. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que la valeur nutritive des aliments était beaucoup plus sous l'influence des conditions climatiques. Le mode de production n'avait aucune incidence.
En revanche, lorsqu'on s'intéresse aux produits bios d'origine animale, on remarque qu'il y a un réel atout nutritionnel. En effet, grâce à une autre méta-analyse réalisée par l'Université de Newcastle en 2016 (3), il est établi que le lait bio est plus riche en oméga-3. La viande bio contient également un meilleur taux d'acides gras polyinsaturés.
Quels sont les bénéfices du bio sur la santé ?
Il existe très peu de données scientifiques qui soutiennent les effets de la consommation bio sur la santé. Les recherches sont beaucoup plus focalisées sur les dangers des résidus de pesticides contenus dans les aliments issus de l'agriculture conventionnelle. Il ressort de ces études que les engrais de synthèse et les produits phytosanitaires chimiques entraînaient beaucoup de troubles et augmentaient le risque de cancer. Les conclusions sur les bénéfices des produits bios sur la santé sont donc tirées de manière implicite, puisque ces derniers sont dépourvus de ces éléments jugés potentiellement nuisibles.
En réalité, il est difficile de réaliser des études avec beaucoup de recul pour quantifier ces impacts, car les données qui seront recueillies risquent de ne pas être homogènes. Pour cause, sur une enquête réalisée par Statista en 2018 (4), seulement 12 % de personnes consomment bio tous les jours et 25 % le font seulement une fois par mois ou par an. De plus, il faut ajouter que les consommateurs des aliments bios ont naturellement un mode de vie plus sain, ce qui joue également un grand rôle dans la prévention de certaines maladies.
Quelles conditions d'élevage des animaux dans la filière BIO ?
L'élevage bio est soumis à beaucoup de contraintes qui réduisent la productivité et l'attrait des producteurs pour la filière. Les éleveurs n'ont pas le droit de construire des enclos hors sol. Ils doivent respecter une densité qui garantit un espace bien aéré pour chaque animal. La taille des bâtiments est également limitée. Les animaux doivent avoir accès aux parcours extérieurs et les herbivores doivent aller pâturer dès que les conditions climatiques le permettent. Il faut que les aliments soient produits entièrement sur la ferme et de manière biologique. Face à ces conditions qui ne s'améliorent pas, les conversions d'éleveurs au bio restent faibles, surtout pour certaines espèces plus exigeantes comme les vaches laitières et les bovins.
Il faut donc admettre que le bio est un choix qui vise à limiter la consommation des produits traités avec les intrants artificiels. Ce mode d'alimentation réduit ainsi les risques des résidus chimiques sur la santé humaine et les impacts sur l'environnement. Les produits bios n'apportent cependant pas intrinsèquement une plus-value nutritive et un bénéfice direct sur la santé.
Source :
(1) https://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/
(2) https://extenso.org/article/5-verites-sur-les-aliments-biologiques/
(3) https://extenso.org/article/les-aliments-biologiques-sont-ils-plus-nutritifs/
(4) https://fr.statista.com/statistiques/481975/consommation-produits-biologiques-france/
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